Éditorial Octobre 2022

Prier

« En tout premier lieu, je recommande que l’on adresse à Dieu des demandes, des prières, des supplications et des remerciements pour tous les êtres humains. »

Chers amis, c’était avec ce verset de la première lettre à Timothée que je voulais commencer mon premier édito de notre journal paroissial. Pourquoi ? Parce qu’en arrivant à Saint-Quentin- en-Yvelines, j’ai découvert avec joie qu’il nous était donné à chacune et à chacun d’entre nous, la possibilité de prier plusieurs fois par mois avec des frères et sœurs, en présentiel, mais aussi à distance. J’en ai été heureux car ça n’est pas forcément dans toutes les paroisses que de telles initiatives sont prises.

D’accord, me direz-vous, mais les ré- unions de prière, est-ce bien prévu par les Écritures ? Et à quoi cela peut-il servir lorsque l’on peut prier seul et qu’il suffit de s’abonner à une application « en ligne » pour recevoir chaque jour un verset à méditer ? Oui, bonnes remarques ! Mais essayons d’aller au- delà des horizons de nos habitudes et de ce qui se fait ou ne se fait pas.

Certes beaucoup d’entre nous se sou- viennent de ce que dit Jésus dans Matthieu 6,6 : « Mais toi, lorsque tu veux prier, entre dans ta chambre, à l’écart… ». Je pense que pour tout pro- testant réformé en France, et alors que nous faisons mémoire à l’occasion des

450 ans de la Saint-Barthélemy, ce verset a pris une résonance tout à fait singulière parce que, persécutés, les Huguenots ont dû se cacher pour vivre et exprimer leur foi. Cela reste vif dans notre mémoire collective et marque encore profondément la manière qui est la nôtre d’exprimer notre spiritualité. Mais nous ne sommes plus persécutés, et ce que dit surtout Matthieu 6 me semble-t- il, c’est de ne pas faire comme les

« hypocrites » qui « aiment à prier debout […] au coin des rues pour que tout le monde les voie. »

Dans le Nouveau Testament, on prie « sans cesse ». On prie pour le pain, pour le pardon des péchés, pour rendre grâce, pour se repentir, pour les autorités, pour les frères et les sœurs, pour les autres Églises, pour être éclairé avant toute décision   d’importance   ; on prie pour la foi,   la sagesse, la persévérance,   la   vigilance… et aussi pour les ennemis. Bref, la prière n’est définitivement pas une option !

Et pour prier sans cesse, aucune modalité n’est interdite par les Écritures, j’oserais même dire qu’elles sont toutes…utiles ! Entre la prière lors du culte dominical :

« Je te louerai au milieu de ton peuple réuni : dans cette grande foule, je t’acclamerai. » et la prière personnelle , il y a aussi la prière en plus petite assemblée, entre frères et sœurs : « Car là où deux ou trois s’assemblent en mon nom, je suis au milieu d’eux. »

Prier n’est pas facile. On peut être démuni au moment de s’adresser à Dieu. Vais-je avoir les bons mots ? Et les mots que je vais employer vont-ils vraiment exprimer ce que je veux demander à l’Éternel ? Il y a tant de personnes, tant de situations pour lesquelles nous voudrions intercéder et pour lesquelles nous voudrions que le Seigneur nous entende ! Au culte, c’est     peut-être     plus     facile, car même si c’est au nom de toute l’assemblée que les prières sont dites, elles sont élaborées par le pasteur ou la personne en charge de la liturgie. La prière individuel- le, elle, si elle n’est pas toujours facile et ne va pas toujours de soi, seul Dieu l’entend et comme il connait, avant nous, ce que nous avons dans le cœur, il sait ce que nous demandons au-delà de notre propre expression, peut-être même au-delà de notre propre compréhension. Alors !

La prière en petit groupe, elle, peut être plus complexe à vivre, car nous avons alors des témoins à   nos    éventuelles    hésitations, à nos balbutiements. Mais peu importe ! Car, comme le dit Mathieu 18,20, le Seigneur est au milieu de nous !

Pour l’avoir souvent vécu ces dernières années, cette expérience de la prière en petit groupe, a ceci de particulier, c’est qu’elle est riche de ce que chaque participant y apporte, de sa foi, de sa spiritualité. Elle est riche aussi de la confiance, de la sincérité et de la fraternité qui évidemment y président. Et dans nos sociétés si sécularisées, ça n’est pas fréquent que nous puissions, tel que nous sommes, avec nos mots, nous mettre devant Dieu, le prier pour nous même, les uns pour les autres et pour le monde, en toute confiance, en compagnie de sœurs et de frères…et de notre frère Jésus-Christ ! C’est assuré- ment une expérience fraternelle et spirituelle très forte.

Alors remercions nos sœurs qui sont à l’initiative de ces réunions de prière dans notre communauté et n’hésitons plus à les accompagner quand nous le pouvons.

« Au jour où je t’ai invoqué, tu t’es approché, tu as dit : Ne crains pas ! »

Alain Mahaud

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