Editorial Février-Avril 2024

LES NOMS DE JESUS, Jésus, fils de David

 « L’Écriture ne dit-elle pas que c’est

de la postérité de David … que le Christ doit venir ?  » (Jean 7,42)

Dans le dernier numéro du Lien, je vous proposais de nous attarder, au fil des éditos, sur les différents noms qui sont ceux de Jésus dans les Écritures. Dans la perspective de la Nativité, j’avais commencé tout simplement par le nom qui lui a été donné à sa naissance : Jésus. Je vous propose aujourd’hui de voir pourquoi Jésus est aussi appelé : « Fils de David ». L’idée que le Messie serait un descendant de David n’est apparue que tardivement dans la pensée juive. Elle a cependant des racines assez précises dans l’Ancien Testament : dans 2 Samuel 7, 13-14 « Ce sera lui qui bâtira une maison à mon nom, et j’affermirai pour toujours le trône de son royaume. Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils. » Mais aussi dans Amos 9 ou 2 Chroniques 9. Rappelons quelques éléments de la théologie royale de l’Ancien Testament.

Le roi, dans l’Ancien Testament, avec des nuances parfois importantes selon les époques, tient son autorité de Dieu seul. Jahvé est le « Roi des rois », il exerce sur eux une autorité absolue.

Par ce roi, c’est avec le peuple tout entier que Jahvé fait alliance (2 Samuel 7 ; 23, 1-7, etc.) : le roi n’est pas une « personnalité » isolée, il n’est roi que pour et avec le peuple qu’il représente. C’est pourquoi, le roi reste toujours solidaire et responsable des péchés de son peuple. Il est ainsi tout à la fois le juge et le libérateur de son peuple. Et c’est par un roi, aux derniers jours, que Dieu rétablira son autorité, sa justice, sa paix sur toute la terre, bref, le Royaume de Dieu. Cependant, contrairement à Babylone ou à l’Égypte, par exemple, on n’assiste pas dans l’Israël ancien à un processus de divinisation du roi.

Nous savons que dans le Nouveau Testament, on trouve des expressions qui mettent en relation Jésus et le roi David : « rejeton et postérité de David » dans Apocalypse 5. Dans le récit de l’Annonciation, il est dit de l’enfant attendu que « Dieu lui donnera le trône de David, son père. » (Luc 1, 32). Jean 7,42, comme Romains 1,3 et 2 Timothée 2,8, affirme que le Christ devait sortir « de la race de David »

C’est même dès le premier verset de Matthieu : « Généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham. » que le titre de Fils de David apparaît dans les Évangiles. Puis bien sûr il est présent sur les lèvres de ceux qui crient à Jésus pour lui demander   secours   (Matthieu 9,27 : « Aie pitié de nous, Fils de David. » Marc 10,47 : « Fils de David, Jésus aie pitié de moi ! », comme dans Luc 18,38). C’est aussi l’expression par laquelle la foule acclame Jésus dans Matthieu 12,23 : « Toute la foule étonnée disait : n’est-ce point-là le Fils de David ? » et 21,9 : « Hosanna au Fils de David ! ». Quant à Marc et Luc, s’adressant plutôt à des chrétiens qui n’étaient pas issus du judaïsme, ils vont remplacer « Fils de David » par des termes qui leur soient plus compréhensibles : « règne de David », « le roi qui vient au nom du Seigneur. » Malgré cela, et au regard de l’importance de l’idéologie royale dans la pensée juive évoquée plus haut, on peut s’étonner que la notion de « Fils de David » ne joue pas un plus grand rôle dans le Nouveau Testament. On est même allé jusqu’à penser, en se fondant, par exemple, sur Marc 12,35-37 : « David lui-même l’appelle Seigneur ; comment donc est-il son fils ? » que Jésus avait repoussé la dignité davidique. Même si ces textes n’imposent pas une telle conclusion, il n’en reste pas moins que les premières générations chrétiennes, comme Jésus lui-même, semble-t-il, ne paraissent pas avoir accordé une très grande importance à la figure traditionnelle du Fils de David.

« Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts ! » (Matthieu 21,9)

A chacune et à chacun, bonne fin d’hiver dans la paix et la joie du Seigneur !

Alain Mahaud

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