Editorial Octobre-Novembre 2023

Editorial des mois d'Octobre et de Novembre 2023 sur le Travail humain et œuvre de Dieu

Editorial Octobre-Novembre 2023

Travail humain et œuvre de Dieu

« Le ciel raconte la gloire de Dieu, la voûte céleste dit l’œuvre de ses mains » (Ps. 19,2)

On ne peut pas nier que cette année 2023 aura été marquée dans notre pays par la question du travail : jusqu’à quel âge doit/peut-on travailler ? quelle rétribution pour le travail que je fournis ? puis-je revendiquer un « droit à la paresse » ? … Je n’ai pas la prétention d’avoir des réponses ou un avis plus autorisé que vous pour répondre à ces questions si complexes et si liées à l’état de notre société et à l’histoire de chacune et de chacun d’entre nous.

Rappelons-nous (et peut-être relisons les !) que beaucoup de théologiens ont traité de la notion de travail, à commencer par les Réformateurs : pour Luther et surtout Calvin, qui, à leur époque, ont repensé le travail comme un devoir, menant à un bénéfice commun pour l’individu et pour la société. Alors, il m’a paru intéressant de me replonger dans les Écritures pour rassembler ce qu’elles nous disent de la notion de travail.

Ce que nous y découvrons, c’est que l’action même de Dieu constitue le prototype du travail. En effet, les textes bibliques affirment avec vigueur que Dieu travaille ! Il travaille depuis le commencement : il est le créateur, le conservateur et le sauveur du monde. C’est ce qu’on lit dans les deux premiers chapitres de la Genèse bien sûr, mais aussi dans les Psaumes, et aussi dans Ésaïe : « Ne le sais-tu pas ? […] c’est le Seigneur, le Dieu de pérennité, qui crée les extrémités de la terre ; il ne s’épuise ni ne se fatigue. ». Dans les textes bibliques, le travail correspond donc à l’ordre divin des choses. Aux œuvres de Dieu correspondent les œuvres des êtres humains (le mot hébreu utilisé est le même partout). Le premier être humain a été placé dans le jardin d’Éden pour le cultiver et le garder (Gn 2,15). Le travail est la destinée normale prescrite à l’humain par le Créateur. Il est le signe par lequel Dieu atteste que l’être humain est son collaborateur (I Co 3,9). Ainsi donc le travail est bon quand il est la réponse à l’ordre divin et qu’il s’insère dans l’œuvre de Dieu.

Mais on ne peut nier que, par la chute, le travail de l’être humain qui devait être une grâce et une joie va se trouver lui aussi aux prises avec les conséquences du péché : « …c’est avec peine que tu tireras (de la terre) ta nourriture tous les jours de ta vie. […] C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain… » (Gn 3, 17 ; 19). Dès lors, le travail ne sert plus à la louange de Dieu, il devient un but en soi, une idolâtrie. Il devient aussi un moyen d’exploitation et d’oppression du   prochain :

« Alors, on lui assigna des chefs de travaux forcés afin de l’affliger par des corvées » (Ex 1,11), « Il crie, le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont moissonné vos champs ; et les clameurs des moissonneurs sont parvenues jusqu’aux oreilles du Seigneur. » (Jc 5,4).

Mais c’est dans l’ordre nouveau, inauguré par Jésus-Christ, que le travail retrouve son vrai sens et sa vraie place. Il est dans l’ordre de la rédemption. D’ailleurs, le Christ lui-même, ainsi que les apôtres, a travaillé de ses mains :   il   était   charpentier (Mc 6,3) et Paul tissait des tentes (Ac 18,3). La Bible ne fait pas de distinction entre les formes du travail, car, quel que soit ce travail, ce qui importe, c’est l’esprit dans lequel il est accompli. S’il est vrai que le travail ne cesse pas complètement d’être une peine et qu’il existe toujours le danger d’accomplir des œuvres vaines (Jn 6,27), en Jésus- Christ, néanmoins, chaque être humain est appelé à donner à son travail une qualité nouvelle, la dignité d’un labeur vécu par sa grâce et pour sa gloire :

« Servez de bon gré, comme des serviteurs du Seigneur et non comme ceux des humains. » (Ep 6,7)

Alors, ce qui importe avant tout, dans la vision nouvelle des choses, données en Jésus-Christ, c’est que le travail humain soit participation au travail créateur et recréateur de Dieu. C’est dans cette mesure-là et dans aucune autre, que les œuvres des croyants auront une valeur pour l’éternité, car elles sont intégrées au grand œuvre de Dieu. (Ap 14,13).

« Jésus leur répondit : mon Père est à l’œuvre jusqu’à présent, et moi aussi je suis à l’œuvre. » (Jn 5,17)

Je vous souhaite ainsi qu’à vos proches un bel automne, dans la paix et la joie du Seigneur.

 

Alain Mahaud

 

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