LES NOMS DE JESUS V, Jésus Serviteur de Dieu
Serviteur de Dieu – C’est avec cette dernière désignation que je termine le cycle entamé à la fin de l’année dernière sur les différents noms de Jésus.
L’expression Serviteur de Dieu, pour qualifier Jésus, n’apparait explicitement que dans un seul texte des Évangiles : « Voici mon serviteur…, celui que j’aime et en qui je mets toute ma joie. » (Matthieu 12,18) qui est une citation d’Ésaïe 42, et dans quatre textes des Actes des apôtres : 3,13 « Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, […] a manifesté la gloire de son serviteur Jésus. » ; 3,26 ; 4,27 ; 4,30 « des prodiges s’accomplissent par le nom de ton serviteur Jésus, lui qui est saint. » Mais même s’ils sont rares, ces textes apparaissent si anciens qu’il est important d’en prendre en compte le contenu, d’autant plus qu’ils appartiennent au groupe beaucoup plus nombreux des allusions dans le Nouveau Testament, à la mystérieuse figure du Serviteur d’Esaïe.
Le contexte de Matthieu 12,18 montre clairement en quoi, dans ce texte, Jésus est rapproché du Serviteur d’Ésaïe. Comme lui, il n’attire pas l’attention sur lui-même et exerce son ministère dans la plus stricte intimité devant Dieu. Ainsi, après avoir guéri de nombreux malades, Jésus « leur (ses disciples) défendit expressément de le faire connaître. » (verset 16).
Quant aux textes des Actes qui nomment Jésus Serviteur de Dieu, ils figurent tous dans des discours de Pierre. On peut alors comprendre que cet apôtre, qui d’abord, s’était révolté devant la souffrance de Jésus, comme dans Matthieu 16,22 :
« Dieu t’en garde, Seigneur ! dit- il. Non, cela ne t’arrivera pas ! », fut le premier à comprendre cette souffrance et à l’interpréter à l’aide de la figure de l’Ancien Testament du Serviteur de Dieu.
Par ailleurs, ces textes des Ac- tes montrent que Jésus est appelé Serviteur de Dieu parce qu’il n’a été et n’a fait strictement que ce que Dieu a voulu qu’il soit et qu’il fasse ; parce que le « service » de Jésus était de sauver, de « bénir » (Actes 3,26) les femmes et les hommes, il était au service de Dieu pour servir les êtres humains ; parce qu’il a été glorifié à cause de ce service, mais toujours par Dieu, il ne tient sa gloire que de Dieu ; parce qu’enfin, ce service a rencontré l’opposition, particulièrement des grands de ce monde qui se sont ligués contre Jésus : « Et, c’est bien vrai, Hérode et Ponce-Pilate se sont unis […] contre ton serviteur Jésus. » (Actes 4,27). Ce service fut donc un service douloureux qui a conduit le Serviteur à la croix !
Il est à noter qu’à l’instar de l’apôtre Paul, la réflexion chrétienne ultérieure n’a pas fait un large usage de la figure du Serviteur de Dieu pour parler de Jésus. Était-ce par crainte de faire du tort à sa dignité de Fils de Dieu ? C’est ainsi que les plus anciennes traductions du Nouveau Testament traduisent mal le mot grec « serviteur » (παἵς) par celui de « fils », traduction qui, comme nous venons de le voir, ne convient pas, tant dans le cadre du livre d’Ésaïe que dans celui du Nouveau Testament.(*)
« C’est pour vous d’abord que Dieu a fait lever son serviteur, il l’a envoyé pour vous
bénir » (Actes 3,26)
Mes chers amis, au moment où j’écris cet édito, nous sommes à la veille de l’automne. Il fera suite à une période estivale qui, entre la joie et l’enthousiasme des JOP et l’incertitude des temps dans notre pays et dans le monde, nous laisse avec des sentiments bien mêlés.
Alors, au nom de Jésus-Christ, prions Dieu car il est notre refuge et notre roc.
Pasteur Alain Mahaud
(*) Pierre BONNARD, in Vocabulaire biblique, Éditions rencontre, Lausanne, 1969 et Renaud SILLY o.p., Ecole biblique de Jérusalem, Éditions Robert Laffont, Paris, 2021