Editorial d’octobre et novembre 2025

LA SAGESSE BIBLIQUE

-1- La sagesse dans l’Ancien Testament, une sagesse pour aujourd’hui
« Où étais-tu lorsque je fondais la terre ? Dis-moi si tu le sais. »

(Job 38,4)

 

En ces temps bien troubles qui sont les nôtres, j’avais envie d’aller voir ce que nous dit la Bible d’une vertu qui semble avoir disparu de la pensée et du discours contemporains : la sagesse. Oui, disparue, comme si elle était démodée, voire obsolète ou ringarde à l’heure du développement de l’IA ! Or, quand nous ouvrons les pages de la Bible et en premier, de l’Ancien Testament, nous découvrons que la sagesse y occupe une place centrale. Et il ne s’agit pas d’une sagesse froide et théorique, pas simplement un savoir intellectuel ou une forme d’érudition réservée à une élite mais une sagesse vivante, accessible, universelle, qui nous parle encore aujourd’hui, dans nos choix, nos luttes, nos relations et notre foi. Bref, elle est une manière de vivre, une orientation du cœur, un art de bien conduire sa vie devant Dieu et les êtres humains.

Dans les livres dits « sapientiaux » – Proverbes, Job, l’Ecclésiaste, le Siracide ou encore la Sagesse de Salomon (ces deux derniers livres étant dits « deutérocanoniques » ne figurent pas dans nos bibles protestantes) – la sagesse est présentée comme une quête à la fois humaine et divine. Elle commence par « la crainte du Seigneur », non pas au sens de la peur, mais comme un profond respect et une confiance en Dieu, source ultime de toute connaissance véritable (Le commencement de la sagesse, c’est la crainte du Seigneur, ils ont du bon sens tous ceux qui s’en inspirent. – Psaume 111,10). La sagesse est donc une invitation à marcher humblement avec Dieu, à écouter, à réfléchir, à vivre selon sa volonté.

 

La sagesse biblique ne se limite pas à « bien savoir ». Elle n’est pas déconnectée du quotidien, elle nous apprend à bien vivre : Elle parle de justice, de droiture, de travail honnête, de maîtrise de soi, de relations familiales et sociales. Elle invite à réfléchir avant d’agir, à écouter plutôt qu’à parler, à choisir le bien même quand il est difficile. (Puis il dit à l’être humain : « La crainte du Seigneur, voilà la sagesse ! S’écarter du mal, c’est là l’intelligence ! » – Job 28,28). Elle met en garde contre l’orgueil, l’injustice, la violence ou encore la convoitise. Elle nous enseigne aussi à parler avec douceur, à éviter les conflits inutiles, à pardonner, à travailler avec droiture.

 

L’Ancien Testament nous montre aussi une sagesse en tension : le livre de Job, par exemple, en nous montrant un homme juste qui souffre sans savoir pourquoi, remet en question les certitudes de la sagesse conventionnelle. Il ose dire que la vie n’est pas toujours juste, que les souffrances peuvent frapper les justes. L’Ecclésiaste, quant à lui, interroge le sens de l’existence, soulignant la vanité de nombreuses quêtes humaines et nous pousse à chercher l’essentiel. Mais là encore, la sagesse consiste à chercher Dieu au cœur même des doutes. Oui, la sagesse dans l’Ancien Testament ne nie pas les questions, ni la souffrance. Ainsi, la sagesse biblique n’est pas naïve : elle nous invite à une foi lucide, enracinée dans la réalité, mais ouverte à l’espérance. Ne serait-ce qu’en cela, elle apparaît bien indispensable pour vivre et penser notre époque…

 

Oui, la sagesse est plus que jamais actuelle. Elle appelle à la réflexion, à l’humilité, à la fidélité, à une vie fondée non sur l’instantané, mais sur le durable. Et, en tant que communauté chrétienne, nous avons besoin de cette sagesse. Dans un monde qui va vite, qui valorise souvent l’apparence plutôt que la profondeur, la Parole de Dieu nous appelle à prendre le temps d’écouter, de discerner, de marcher avec le Seigneur.

 

Redécouvrir la sagesse de l’Ancien Testament, c’est certes choisir une voie exigeante, escarpée parfois, mais profondément humaine et enracinée en Dieu. C’est accepter d’être enseigné, corrigé, décentré, transformé. Car au fond, la sagesse biblique n’est pas une fin en soi : elle est le chemin vers une vie juste, paisible et pleine de sens.

 

Alors, redécouvrons cette sagesse d’en-haut pour qu’elle nous guide dans notre vie personnelle, professionnelle et dans notre vie d’Église. Qu’elle éclaire nos décisions, qu’elle inspire notre amour fraternel, et qu’elle nous rapproche chaque jour un peu plus de Celui qui est la Sagesse incarnée : Jésus- Christ.

 

« Béni soit le nom de Dieu d’éternité passée en éternité future ! Car sagesse et puissance appartiennent à lui seul. » Daniel 2.20

 

Pasteur Alain Mahaud

 

 

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